Biographie

Catherine Arbassette(31novembre) / Artiste Plasticienne

J’aime fumer des cigarettes, ouj’arrive pas à arrêter, au choix. Bon, j’ai réussi à bien diminuer maconsommation quand même. Je vieillis… je teste toutes les nouvelles machinesexistantes.

J’aimais boire du champagne bienfrais, du bon champagne, mais le champagne ne m’aimait pas du tout. J’aidécouvert le Cosmo et c’est top. J’aime bien aussi la Vodka avec du jus decitron et de l’eau gazeuse , et la bière légère (mais plus ça va, moins jesupporte l’alcool, c'est pénible).

Bon, je me suis mise à boire destisanes aussi et du vinaigre de cidre pour mieux digérer, Je vieillis…

Non diplômée d’une grande écoled’art, j’ai construit mon projet de vie autour de la création artistique, enprenant les longs chemins qui étaient devant moi. Mais que c’est long… C'estquand qu'on arrive ? je suis en train d’abandonner l’idée d’arriver.

J’aime faire la sieste, j’aime danserun peu ivre sur de la musique new-wave. Depuis quelques temps je passe aussides disques dans des Boums à Bordeaux.

1992, je quitte larégion bordelaise et m’installe à Paris, je réalise déjà que ma vieprofessionnelle va être compliquée, je sais qu’elle ne se trouve pas là où elledevrait être.

J’aime le soleil, la canicule (ouienfin, maintenant je supporte plus trop), j’aime pas l’hiver, j’aime pas avoirfroid, j’aime pas la pluie. Il pleut tout le temps à Bordeaux, pfff. Ce que jeveux, c'est du soleil et 28 degrés, c'est pas compliqué. On dit que je ne suisjamais contente, si, si quand il fait soleil et 28 degrés, je le suis.

Des années parisiennes intenses,vives, drôles, tristes, créatives, alcoolisées, dures, joyeuses, horribles,géniales. Un travail alimentaire, une ou deux expos par an, un équilibrecertain, une frustration certaine.

Moitié salariée, moitié artiste, unemoitié de trop ?

J’aime le bruit de la mer, l’odeur dela mer, j’aime mes chiens, j’aime manger des gâteaux et boire du coca ( ouibon, vieillesse oblige je dois me calmer avec le sucre).    J’aime pas le porto, le Gin, la Suze, le siropd’orgeat, les fruits confits, la truffe beurk, le gingembre (ça a le goût desavon), les plats épicés. du coup on dit que je suis chiante.

2001, retour àBordeaux pour quelques mois, j’y suis encore. Quelques années de doutes,d’errance, d’analyse sur un divan. Qu’est-ce que je veux, et ou plutôtqu’est-ce que je ne veux plus. Perdre mon temps sur des projets qui ne sont pasles miens, m’ennuyer sur des projets qui ne sont pas les miens, supporter lesautres sur des projets qui ne sont pas les miens.

J’aime les terrasses de bar, lematin, le soir quand il fait chaud. Ce que je préfère c’est trouver le coind’ombre. J’aime jouer à la pétanque, en fait j’adore. (Cette phrase esttellement vintage...)

2006, ça y est, jesuis une artiste. Enfin je décide que je suis une artiste. Numéro de Siret,numéro d’ordre à la maison des artistes. Je ne travaillerai que pour moi, moi,moi.

Mon métier : artiste ! Même si pourcertains (beaucoup) les autodidactes n’en sont pas vraiment. Plus je vieillis,plus j'emmerde ce genre de personnes.

J’aime Nan Goldin, j’aime pleurerdans ma tête devant une œuvre de Modigliani, j’aime un livre de Roland Barthesun autre de Boris Vian. J’aime lire Voici dans un transat ou vautrée dans uncanapé (bon je ne lis plus du tout Voici, car je ne connais plus les peoplesdont ils parlent).

Je n’aime pas les esprits aux nœudstrop serrés, les égos mal garés, les fous dangereux, les personnes dépourvuesd’humour, les « seul au monde », les méprisants, les haineux (y’en a beaucoupnon ???). Pour dire vrai, je ne les supporte plus. Bon, je me suis mise auxmots fléchés. Je vieillis… j’ai perdu toute patience concernant les genstoxiques.

2007, je fonde avecd’autres artistes l’association Pointbarre et intègre la fabrique Pola abordeaux. J‘ai tout quitté depuis...et je trace ma route seule.

J’aime les films de science-fiction,d’anticipation, de Zombies, fantastiques, dystopiques et aussi les filmscatastrophes tout pourris, les séries du même genre.

J’aime m’acheter des chaussures, jetrie mes déchets, je signe plein de pétitions, je vote, j’aime exposer montravail et j’aime le vendre. Bon, j’ai beaucoup réduit ma consommation deviande, je mange bio, je bannis certains aliments, j’achète sur vinted . Jevieillis… (c'était la minute bobo)

2024, je suis toujourslà, debout, impatiente, lucide, triste et joyeuse.

J’essaie dans mon travail de partager avec le lecteur la force d’un regard, une phrase dans un cerveau, la poésied’une couleur, la douceur d’une lumière noire, mon ennui blanc, mes souvenirsgris, mes peurs bleues, mes envies transparentes, mes espoirs mouchetés, maréalité intuitive, ma vérité rêveuse.

Lire mon travail, c’est me connaîtreou presque, faut pas exagérer !

Je suis Catherine Arbassette(31novembre), je suis artiste plasticienne, je vis et je travaille à Bordeaux.

Née le 30 novembre 1968 à 17h40,3,250 kg.

WWW.31novembre.com / instagram31novembre



Catherine Arbassette est une artiste engagée, chroniqueuse de la société contemporaine et de ses images qui nous envahissent chaque jour à travers les réseaux sociaux et les JT. Malgré l’humour qui peut transparaitre dans son œuvre, elle se dit profondément pessimiste. Elle continue pourtant de peindre sans relâche l’absurdité de notre monde. À coup de grands aplats colorés aux cernes marqués, elle recompose des images trouvées ici ou là et exacerbe leur message en utilisant des références cinématographiques. Proche parfois de la bande dessinée, elle travaille sa peinture en séquence. La série « The Last day of summer » met en parallèle des portraits de familles d’hommes politiques et le braconnage. Militantisme écologique, social et politique se confondent avec au cœur de son œuvre l’animal. Elle nous parle de ces interconnexions cachées que beaucoup préfèrent ignorer. Dans ses portraits de famille, dont les protagonistes sont si facilement reconnaissables, elle devient peintre fabuliste et use de l’allégorie pour les ridiculiser un peu plus encore. À partir de photographies détournées de scènes de braconnages, elle imagine de nouvelles compositions funestes ou le cadavre d’une girafe, d’un lion ou d’un éléphant gis tristement au pied de son prédateur. Ils finiront empaillés dans des intérieurs aux dorures vulgaires. Chasseurs ou chasseuses ont « perdu la tête » ou sont représentés par des personnages de films d’horreurs qui ont marqué une époque, tels que Freaks, Shining, Scream ou ça. Fiction et réalité cohabitent et exacerbent le grotesque de ces scènes de plaisir assassin qui dépassent l’entendement de tout être sensé et sensible. Sa peinture proche de la Figuration Narrative des années 60, qui souhaitait faire de l’art un outil politique de transformation sociale, rend compte de la violence ordinaire et de notre sentiment d’impuissance. Pour faire mentir ce sentiment, elle continue. Alors méticuleuse, elle abandonne l’urgence de la peinture acrylique pour broder. Pendant des heures, jusqu’à ce que ses mains ne lui répondent plus, elle brode des scènes de surpêche et de déforestation transformant cet art dit féminin en artivisme. Nœud, après nœud, elle qui« n’aime pas les esprits aux nœuds trop serrés », reconstruit le Monde. Notre Monde comme il va. Sans y apporter de réponse, elle nous invite sans doute à nous reposer cette question de Gilles Aillaud« Quel est le pouvoir de l’art aujourd’hui dans le devenir du monde ? ».  

NRK


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